On peut dire quatre choses. Premièrement, tout commandement divin ultérieur modifie les commandements divins antérieurs. Lorsque Jésus a déclaré que tous les aliments étaient purs (Mc 7,19), son commandement a remplacé le commandement antérieur selon lequel certains aliments devaient être considérés comme impurs (Lv 11,1-8). Si Jésus nous ordonne aujourd'hui de boire son sang, son ordre remplace tout ordre antérieur concernant la consommation de sang.

Deuxièmement, l'interdiction de boire du sang, comme toutes les règles alimentaires de l'Ancien Testament, n'est plus d'actualité, car "ces règles ne sont que l'ombre de ce qui est à venir, mais la substance appartient au Christ. Que personne ne porte donc de jugement sur vous en matière de nourriture et de boisson" (Col 2.17, 16).

La mention de ne pas manger de sang dans Actes 15:20, 29 était une disposition pastorale suggérée par Jacques pour éviter que les Juifs ne soient scandalisés par la conduite des chrétiens païens. Nous savons que ces dispositions pastorales n'étaient que temporaires. L'une d'entre elles concernait l'abstention de manger de la viande d'idole, mais plus tard, Paul déclare que manger de la viande d'idole est acceptable tant que cela ne scandalise pas les autres (Rm 14:1-14, 1 Co 8:1-13).

Si l'on objecte que le sang n'est pas un aliment (bien qu'il le soit dans certaines cultures), notez que l'on a demandé à Jésus (Mc 7, 5) pourquoi ses disciples mangeaient avec des mains non lavées. Il a répondu : "Ne voyez-vous pas que rien de ce qui entre dans l'homme par l'extérieur ne peut le rendre impur ? Car ce n'est pas dans son cœur que cela entre, mais dans son estomac, et c'est ensuite que cela sort de son corps" (7,18-19). Dans le contexte, il s'agit d'une substance non alimentaire (la saleté sur les mains non lavées).

Troisièmement, l'Ancien Testament est très précis quant à la raison pour laquelle il ne faut pas manger de sang : "C'est pourquoi j'ai dit au peuple d'Israël : Tu ne mangeras le sang d'aucune créature, car la vie de toute créature, c'est son sang" (Lv 17,14 ; cf. Dt 12,23). Les Israélites ne pouvaient pas manger le sang des animaux parce qu'il contenait la vie de l'animal, mais il y a une Personne dont vous devez avoir la vie en vous, "le Christ qui est votre vie" (Col 3,4).

Enfin, même si les Témoins de Jéhovah avaient raison de dire que boire du sang était intrinsèquement mauvais et ne faisait pas l'objet d'une interdiction temporaire, ils auraient toujours des problèmes avec Jean 6 car, selon leur interprétation, Jésus nous ordonnerait de manger sa chair de manière symbolique et de boire son sang de manière symbolique. Il nous ordonnerait d'accomplir symboliquement un acte intrinsèquement mauvais dans le cadre d'un service religieux sacré. Mais cela nous conduit à une conclusion ridicule, et il faut donc que boire le sang du Christ soit permis (pour ne pas dire souhaitable).