Que dois-je dire pour convaincre quelqu'un que la pratique de la religion n'est pas une perte de temps ?
Le problème du bonheur est un bon point de départ. Tout être humain désire par nature son propre bonheur. Comme l'écrit Thomas d'Aquin, « désirer le bonheur n'est rien d'autre que désirer que sa volonté soit satisfaite. Et c'est ce que tout le monde désire » (Summa Theologiae I-II:5:8).
Mais la satisfaction que nous procurent les biens qui satisfont notre volonté est toujours susceptible d'être mise à mal. Considérons, par exemple, la facilité avec laquelle les biens corporels et matériels peuvent nous être retirés. De nombreuses personnes en bonne santé se réveillent et découvrent qu'elles sont atteintes d'une maladie mortelle et qu'il ne leur reste que quelques mois à vivre. Les catastrophes naturelles peuvent nous priver de nos biens matériels en un instant. Peut-on vraiment être satisfait en sachant que ces maux peuvent surgir à tout moment ?
Il y a aussi la menace imminente de la mort. Tous les biens que nous possédons dans cette vie seront finalement perdus, puisque « les vivants savent qu'ils mourront » (Ecclésiaste 9,5). Je pense qu'aucune personne saine d'esprit n'aime l'idée que tous les biens de cette vie puissent être anéantis à tout moment par la mort.
La religion offre, d'une manière ou d'une autre, une solution à ces différents aspects du problème du bonheur. Et puisque tout être humain se préoccupe de son propre bonheur, il doit se préoccuper de la religion. Je ne parlerai ici que de la religion chrétienne.
Le christianisme affirme qu'il existe un bien ultime que nous devons posséder et qui ne peut en aucun cas être perdu. Ce bien ultime est Dieu lui-même, et sa pleine possession se trouve au ciel. Et tous les biens que nous perdons dans cette vie ne nous manqueront pas, parce que Dieu lui-même satisfera complètement le désir de la volonté. Cette expérience de satisfaction complète, de bonheur, est sans fin et libre de toute menace qui pourrait la miner.
Le christianisme offre également une solution au problème du bonheur en enseignant que Jésus-Christ a vaincu la mort. Même si l'homme doit mourir, il peut revivre avec un corps glorifié dans les nouveaux cieux et sur la nouvelle terre, à condition de mourir dans l'amitié avec le Christ. Cette vie est éternelle, exempte de corruption et de menace de mort.
En définitive, le christianisme est important parce qu'il offre à l'homme la clé pour être un homme pleinement vivant. Il offre un état de bonheur complet et parfait, définitif et sans fin. Et cette espérance de la vie éternelle est telle que Paul peut dire : « J'estime que les souffrances du temps présent ne valent pas la peine d'être comparées à la gloire qui doit nous être révélée. » (Romains 8,18)